GT « Qualité des matériaux de seconde main »

Groupe de travail « Qualité des matériaux de seconde main »

 

Ce texte est issu d’une réflexion collective des participants au GT.

 

L’objectif de ce groupe de travail est d’approfondir la problématique de la récupération, de la réutilisation, du réemploi et du recyclage sous l’angle qualitatif, afin de comprendre le regard que les bâtisseurs et la société pouvaient porter sur ces matériaux réemployés ou recyclés. Il s’intéresse à tous les aspects liés à la qualité, la valeur, la connaissance ou le statut que semblent exprimer des matériaux d’occasion et des éléments d’architecture ou de décor en situation secondaire. Ces valeurs peuvent être liées à différents facteurs, intrinsèques au matériau et son mode de production/recyclage ou plus circonstanciels. Les critères suivants ont en particulier été examinés :

  • le prix de ces matériaux (par rapport au neuf)
  • l’expression de cette qualité chez les bâtisseurs (par rapport au neuf)
  • la qualité intrinsèque, technique ou matérielle de ces matériaux
  • le caractère plus ou moins avantageux de la chaîne opératoire à mettre en œuvre
  • leurs valeurs esthétique, idéologique, symbolique ou mémorielle

 

  1. Le prix des matériaux récupérés : une valeur relative.

Les sources comptables permettent parfois de saisir le coût du matériau récupéré. C’est en particulier le cas des matériaux qui sont réinsérés dans un marché. Si dans la large majorité des cas relevés, le prix des matériaux anciens paraît bien inférieur au coût des matériaux neufs, ce constat n’est toutefois pas systématique.

1.1. Des matériaux moins chers
Philippe Bernardi réunit en 2009 plusieurs exemples de matériaux de construction issus essentiellement du pourtour méditerranéen pour les XIVe-XVIIe siècles[1]. En moyenne, le rapport entre prix des vieilles briques et briques neuves à Sienne évolue peu entre 1320 et 1370, et semble s’établir autour de 50 à 75 %. Si elle n’est pas exclusive et que certains objets comme des clous, des chaînes de fer ou des gouttières à Sens en 1501-1502 semblent moins valorisés (parfois à moins de 30% du prix du neuf), cette fourchette de 50-75 % du prix du neuf semble habituelle pour un grand nombre de matériaux de construction. À quoi correspond-elle ? À la dépréciation de la qualité du matériau ? À la différence avec le travail nécessaire pour remettre en œuvre ce matériau « brut » ? À une combinaison de plusieurs facteurs selon les matériaux et les époques ?
Le cas des « vieux fers » est éloquent. Aux XIVe et XVe siècles, lorsque les fabriques des cathédrales de Troyes ou de Rouen revendent du « vieux fer » au forgeron pour abaisser le coût des travaux, il est presque valorisé à hauteur du prix du fer neuf non ouvré[2] (c’est-à-dire sous forme de barres), comme si le matériau récupéré pouvait être remis en œuvre à moindre frais par rapport à son équivalent « neuf ». Ce prix ne tient toutefois pas compte du travail de démontage ayant permis de récupérer le matériau, mais on peut supposer que la forme des fers construction (crampons, goujons, barlotières…) est proche de celle du fer brut. En revanche, lorsqu’un riche bourgeois de Troyes fait le don d’une chaîne de fer à la fabrique, alors le nécessaire travail de dépeçage à la forge engendre un coût de l’ordre de 1 d. par livre, chiffré dans les comptes. La forme de l’objet recyclé est ainsi capitale dans sa valorisation ultérieure (voir ci-dessous). En outre, et bien qu’on en ignore alors la forme, le « vieux fer » semble davantage valorisé à l’époque médiévale : à l’époque moderne (1550-1700), des inventaires anglais (Kent et Lincolnshire) ne valorisent ce « vieux fer » qu’à 33 à 50 % du prix du neuf (1 d. vs 2 ou 3 d.)[3].

1.2. Des matériaux au même prix, ou plus chers.
A de plus rares occasions, certains matériaux d’occasion coûtent régulièrement le même prix ou sont même plus chers que le matériau neuf. C’est par exemple le cas de tuiles de la cathédrale de Gérone en 1473 (S. Victor) payées 5.s. 6 d. la centaine de vieilles contre 4 s. 4 d. les neuves, ou encore de tuiles au château d’Argilly 1373-1375, où neuves et vieilles coûtent le même prix[4]. Enfin, les vieilles laves achetées pour la grange d’Aisey-sur-Seine en 1389-1391 coûtent deux fois plus cher que les neuves, mais viennent aussi de deux fois plus loin[5]. On peut donc s’interroger ici d’une part sur la qualité des matériaux anciens, semble-t-il équivalente ou peut-être même supérieure au neuf, et qu’il convient dans certains cas de transporter sur de longues distances afin de se l’approprier. De tels exemples ne sont pas les plus fréquents, mais mériteraient un examen plus approfondi pour voir s’ils se limitent à certaines situations ou certains types de matériaux. On note par ailleurs que les trois exemples évoqués ici concernent tous des matériaux de couverture.

1.3 Matériaux recyclés : une ressource
Si l’on considère l’autre bout de la chaîne de récupération, le démontage d’anciennes structures génère un volume de matériaux divers qui peuvent constituer un bénéfice en soi et faire l’objet d’un commerce. À la fin du XIVe et au XVe siècle, la comptabilité de la ville de Nevers liste à de nombreuses reprises dans ses recettes la vente de vieux bois, issus d’échafaudages démontés, des ponts ou d’anciennes échiffres de l’enceinte : ces matériaux sont vendus aux enchères « au plus offrant et derrenier enchérissant ». A la même période, la récupération de matériau ou plutôt d’éléments architecturaux intègre également les clauses des contrats de construction : à Dijon, plusieurs marchés passés devant notaire entre particuliers et artisans associent à la rémunération monétaire de l’artisan, un paiement en nature par la récupération d’éléments architecturaux obsolètes (baies, cheminées). Si le devenir de ces éléments est difficilement traçable, certaines sources bourguignonnes mentionnent la revente d’objets architecturaux (cheminées, etc.) par des particuliers, souvent a priori étrangers aux métiers du bâtiment.

1.4. La valorisation des matériaux : comment la suivre et la chiffrer d’après les sources.
La question de la valeur de la matière recyclée reconnue par les acteurs du chantier et des marchés n’est toutefois pas toujours évidente à aborder dans les sources comptables : la réutilisation de vieux bois ou de vieilles pierres en interne, formule la plus courante du recyclage sur les chantiers gérés dans les châtellenies ou les municipalités de la fin du Moyen Âge[6] ou incluse dans les appels d’offre et devis de la période moderne[7], échappe à tout système de valorisation comptable. Seule l’opération – de récupération, de transformation, de mise en œuvre – apparaît alors chiffrée. Elle dépend alors éminemment de la forme et de la nature du matériau récupéré, mais n’en constitue pas nécessairement un coût exclusif. La récupération des matériaux issus d’un démontage ou d’une destruction impose non seulement de trier, mais aussi de stocker voire d’entretenir. Concernant la pierre et le bois, cette étape peut éventuellement impliquer des surfaces conséquentes, et nécessiter la location de lieux de stockage couverts.

 

  1. L’expression de la qualité des matériaux d’occasion

2.1. Des objets de peu.
Cette distinction financière, quand elle est perceptible, peut être assortie de considérations sur la qualité des matériaux d’occasion. Dans de rares cas le matériau de récupération semble déprécié par les bâtisseurs ou les commanditaires du chantier. C’est le cas à la cathédrale de Troyes en 1509-1510, où pour la construction de divers éléments d’une nouvelle grue (liens, équerre, pivot, pallier, virole…), le procureur de la fabrique de la cathédrale de Troyes s’approvisionne en fer chez le marchand Pierre Paillot, pour ce que le viel fer n’y eust rien valu (…) et qu’il n’y eust pas esté seur[8]. Une telle discrimination du “vieux fer” à cette occasion s’explique-t-elle peut-être par le fait que le matériau est ici employé pour la réalisation des pièces du mécanisme de l’engin, davantage sujettes à rupture ? L’approvisionnement auprès d’un marchand semble d’ailleurs ici la garantie d’avoir accès à un matériau « neuf », sorti de l’atelier de production et non de prendre le risque d’une reforge de vieilles ferrailles, pratique certainement fréquente chez les forgerons. Rappelons en outre que les coûts du fer neuf et du vieux fer sont à cette époque extrêmement proches, ce qui pose de nouvelles questions.

2.2. Des objets de bien
Dans les traités d’architecture, certains matériaux de remploi sont particulièrement prisés et emportent même la prédilection de certains théoriciens de l’architecture devant les matériaux neufs. C’est notamment le cas des matériaux de couverture et en particulier des tuiles usagées. Dans l’Art du couvreur (1766), Duhamel du Monceau exprime sa préférence pour les matériaux ayant subi l’épreuve du temps. C’est aussi le cas de Vitruve qui conseillait d’utiliser pour les toitures des tuiles déjà usagées et ayant fait leurs preuves à la place de tuiles neuves (De Arch. II, 8, 19). Le constat de l’excellent état de tuiles des XIe-XIIIe siècles encore aujourd’hui (Aumard 2019), et la pratique encore récente de remploi de ces matériaux lors de l’entretien ou de phases de réfection des couvertures sont éloquentes à ce sujet.

2.3. Des objets équivalents au neuf
Une grande partie des matériaux de remploi semblent par ailleurs utilisés indistinctement des matériaux neufs, preuve que les bâtisseurs les considéraient au même titre que les neufs. Les exemples archéologiques sont nombreux et l’on citera les récentes observations de Philippe Sosnowska à Bruxelles à la fin du Moyen Âge et à l’époque moderne, où briques neuves et briques de remploi (notamment identifiées par leurs traces d’enduits anciens) sont associées aux mêmes usages[9]. La distinction entre « vieux » et « neuf » telle qu’elle apparaît dans les comptabilités mérite d’ailleurs d’être tempérée. Dans les comptabilités municipales de Nevers, où le matériau recyclé est fréquemment identifié comme « vieux », par opposition au « neuf », cette distinction ne parait pas être qualitative, mais plutôt liée à la gestion comptable du chantier, puisque « vieux » et « neuf » peuvent ensuite être indistinctement mis en œuvre. De même, dans les comptabilités de la cathédrale de Rouen, la refonte de vieux plomb ou « plomc vieil » récupérés sur la cathédrale et réalisée sur le chantier même par les plombiers dans des fours à plomb installés à cet effet produit du « plomb pur » ou du « plomb neuf » prêt à être remployé[10]. Pour le plomb, susceptible d’être refondu indéfiniment pour être remis en œuvre, la distinction vieux/neuf, n’est donc ici aussi que circonstancielle et questionne sur l’emploi de ces termes dans bien d’autres contextes.

 

  1. Des matériaux récupérés en priorité : quelle sélection ?

3.1. La nature des matériaux récupérés.
Bien que tous les matériaux de construction soient susceptibles d’être récupérés, certains emportent le plus souvent la prédilection des bâtisseurs ou des commanditaires, qui peuvent mettre en œuvre des entreprises de prélèvement spécifiques pour les collecter afin de les remployer.
Le premier critère de sélection semble lié à la nature intrinsèque du matériau. On l’appréhende particulièrement bien pour le domaine des matériaux lithiques, où ceux à forte valeur ajoutée (marbre, pierre Bleue ou Petit Granit à Bruxelles…) font l’objet de sélections spécifiques pour des remplois particuliers. C’est également le cas des matériaux dont la qualité est liée à une forme d’“appellation contrôlée”, comme la Pierre d’Asnières fréquemment récupérée dans la région de Dijon[11]. Outre les valeurs éventuellement symbolique ou esthétique de la récupération ciblée de certains éléments (cf. infra), se pose également la question de l’accessibilité (ou l’inaccessibilité), à certaines périodes ou pour certains bâtisseurs, à ces ressources spécifiques.
Ces constatations dépassent largement les époques. Pour Simon Barker[12] la plupart des évidences concernant la récupération dans le monde romain ont trait aux décorations de marbre et de pierre, qui étaient fréquemment la cible d’une récupération systématique. L’autorisation du transfert des marbres et colonnes d’une maison à un édifice public au IIIe s. à Rome (Digeste 39.2.48 cité par Ch. Davoine[13]) est également éloquent sur la nature prestigieuse des matériaux récupérables selon la loi romaine, et qui constituent des exceptions à des règlements stricts sur le démantèlement des édifices privés comme publics.
À Bordeaux, des galets de lest déchargés sur les quais par des bateaux venant de l’Angleterre ou des pays nordiques étaient réutilisés pour servir dans des constructions[14]. Un mur composé de galets (avec en proportion moindre des petits blocs calcaires, un fragment de TCA et un bloc de marbre non taillé) a été mis au jour lors de la fouille de la place Gambetta à Bordeaux en 2019[15]. Il s’apparente à des fondations faites de galets, non liés et ainsi propices au drainage, pour porter un mur en matériaux périssables, comme il a été observé sur la fouille de Valence-Mauboule (26)[16]. Si Joëlle Tardieu présente des exemples de structures faites de galets qui, dans ces cas précis, représentent un matériau de ramassage et donc gratuit, il n’est pas déterminé si, à Bordeaux, cette récupération des galets de lest sur les quais était gratuite, monnayée et sur quelle durée.
Toujours en lien avec la nature du matériau, à Gradignan (Gironde), des fragments de sarcophages datant des XIIe-XIVe siècles (logette céphalique) et autres éléments (fragments de colonnette monolithe) ont été utilisés dans les fondations du clocher ajouté à l’église en XIVe siècle, fondations venant perturber des sépultures en place[17]. Plus tard, pour ce même site à Gradignan, il est précisé dans un texte du XVIIe siècle relatif aux travaux à réaliser dans l’église paroissiale Saint-Pierre, que les pierres utiles à ces travaux pourront être prélevées dans le cimetière[18].

3.2. La forme des matériaux récupérés.
La forme des matériaux d’occasion semble être le second grand critère de sélection, que ce soit pour leur dimensions exceptionnelles, comme des pierres de taille de grand appareil faciles à retailler, (Marion Foucher : archives Dijon) ou au contraire pour leur forme directement adaptée à certains usages. C’est par exemple le cas de pierres cassées destinées au fourrage de maçonnerie (Sandrine Victor : Gérone), de chevrons de bois pour faire des « marches » (d’une échelle ?) (Sandrine Victor : Gérone), de tuiles, carreaux, ardoises de récupération pour le nivellement des assises de réglage (par exemple à Bruxelles[19]), même si dans ce dernier cas, la distinction avec des matériaux neufs est souvent difficile. À Gradignan (Gironde), un linteau monolithe de baie romane sur lequel furent gravés des faux claveaux a été réutilisé comme logette céphalique pour une sépulture médiévale, mise au jour dans l’espace funéraire de cette même église Saint-Pierre aujourd’hui disparue (et pour laquelle une description du XIXe siècle rapporte des linteaux semblables) [20]. Au sein même de l’espace funéraire, des matériaux issus de sépultures plus anciennes peuvent être réutilisés, pour la nature et leur forme, comme il a été observé sur la parvis de l’église de Sainte-Croix à Bordeaux où des fragments de sarcophages mérovingiens servent à aménager un coffrage en pierres pour une sépulture, datée ici des Xe-XIe siècles[21]. Certains éléments anciens sont également spécifiquement recherchés, comme les anciens bateaux voulus pour le colmatage de brèches de digues (AM Nevers, CC152, CC154, voir aussi des exemples dans l’ouvrage de C. Sanchez et P. Jézégou[22]). Enfin, les débris de couverture en tuiles seraient parfois recyclés sous la forme de poudre pour la fabrication de liants étanches tels que le mortier de tuileau ou le mastic[23]. Dans tous ces exemples, la forme du matériau récupéré, plus que sa nature, semble parfaitement adapté à son usage futur et permet une économie de main-d’œuvre substantielle dans leur recyclage ou leur remise en œuvre.
Tous ces exemples révèlent que la nature comme la forme du matériau sont deux critères de choix essentiels pour la récupération. Ils ne sont en outre pas exclusifs comme le montre l’exemple bien connu du remploi de colonnes de marbre antiques dans la basilique de Saint-Denis, dont la provenance romaine est certainement fantasmée par Suger lorsqu’il entreprend de reconstruire l’église abbatiale de Saint-Denis[24], mais qui s’avère bien réel et ce pour différentes époques comme l’a montré la grande diversité des marbres issus de la fouille de même que les remplois de colonnes de marbre la basilique mérovingienne dans la crypte de Suger[25].

3.3. Une logistique spécifique.
La récupération de ces matériaux fait alors souvent l’objet d’opérations de prélèvements spécifiques. Citons par exemple les entreprises de démolition avec tri sélectif mises en œuvre dans le monde romain, comme celui de la terrasse artificielle au Vigna Barberini (Est du Palatin), où la maison détruite vers 64-68 a fait l’objet d’un tri des matériaux les plus nobles (marbres, colonnes, mosaïques, peintures), le reste des matériaux ayant servi au nivellement de la terrasse, à l’exception de quelques blocs de marbre cassés laissés en place[26]. En général, Simon Barker constate qu’en général, la réutilisation des matériaux sur place en maçonnerie concerne des blocs de 40 cm maximum, indiquant que les blocs de plus grande dimension alimentaient un marché spécifique et organisé. Ainsi, un soin particulier devait être apporté pour leur dépose, requérant certainement des qualifications particulières des ouvriers qui les pratiquent. De telles entreprises de démolition visant à la récupération des matériaux duraient souvent plus longtemps (jusqu’à 25-50% de plus) et coûtaient plus cher qu’une démolition classique. Suivant le matériau considéré, une telle entreprise n’était donc pas nécessairement rentable : Simon Barker évoquant un gain de 63 à 77% sur la main d’œuvre pour le démontage de maçonneries de pierre de taille et une perte d’environ 20% pour celui d’opus incertum ou de décombres[27]. Les pratiques selon la nature des matériaux sont donc diverses et seuls certains matériaux étaient susceptibles d’alimenter un marché. La présence de dépôts de marbres peut être déduite de certaines pratiques (présence d’éléments architecturaux de types, matériaux et périodes diverses dans une même structure) et est plus ponctuellement attestée par l’archéologie, comme à Ostie, notamment dans la Domus del Gianicolo (IIe s. AD) où 600 blocs de marbres décorés organisés par type[28].
Cette pratique du tri des matériaux récupérés ou d’une sélection ciblée des matériaux à récupérer est également fréquente à des époques plus tardives. Les sources dijonnaises éclairent par exemple à plusieurs reprises des cas de prélèvement de certains matériaux spécifiques (vus essentiellement pour de la pierre) pris dans des structures fonctionnelles (soubassement du castrum antique de Dijon, créneaux du château de Rouvres…). Il s’agit là d’opérations ciblées, liées à un matériau auquel ses contemporains reconnaissent des qualités supérieures (pierres de taille blanches de grand appareil facile à retailler, qualité de la Pierre d’Asnières, etc.)[29]. Un exemple plus tardif est donné par un acte bruxellois du 24 décembre 1599 concernant la vente d’une habitation ruinée, d’une ferme et d’un colombier situés près de Bekkerzeel stipule clairement que l’acheteur aura l’usage de tous les matériaux, à l’exception des pierres blanches et des pierres bleues[30].

 

  1. La symbolique et l’esthétique du remploi

Le caractère économique du remploi largement mis en avant dans la section précédente ne saurait en être « sa justification unique, ni même majeure »[31]. Les dimensions symboliques ou esthétiques de ces pratiques ont d’ores et déjà largement été explorées par les chercheurs. Ces considérations ne sont en outre pas exclusives comme le rappelle Raphaëlle Chossenot dans le cas du vitrail, où la réutilisation d’anciennes verrières revêtait à la fois souci économique, mais aussi une question cohérence stylistique[32]. À travers quelques exemples régionaux, cette section souhaite éclairer certaines modalités de ce remploi à caractère symbolique.
Dans l’Antiquité, pendant la période impériale, la majorité des matériaux recyclés étaient remployés en position non visible dans l’architecture, même les éléments décoratifs par exemple couverts d’une couche de peinture, comme les marbres du Portique d’Octavie[33]. De même, à Saintes, lors de la démolition de l’ancienne muraille de l’Antiquité tardive, des blocs architecturaux du Ier au IIIe siècle ont été retrouvés en cœur de maçonnerie et non en parement (C. Gensbeitel). Le constat semble moins marqué au Moyen Âge et pour les périodes ultérieures, où la référence à l’ancien pouvait être affichée et semblait en outre réservée à certains édifices ou parties d’édifices.

4.1 Dans quels édifices ?
Le premier questionnement repose sur les types d’édifices qui ont recours au remploi : sont-ils situés dans un espace en particulier et quel est leur intérêt « stratégique » dans l’étalage de leur ancienneté ?
Le réemploi stratégique, au sein des églises du Moyen Âge central, de chapiteaux d’origine tardo-antiques mériterait par exemple une étude statistique à grande échelle. Il n’y a pas eu d’études systématiques sur ce sujet, qui mérite d’être largement approfondi et élargi sous la forme d’un inventaire national ou international et d’une base de données permettant des croisements. Il est, dans tous les cas, difficile en l’état actuel de discerner une tendance forte quant aux statuts des édifices où ce type de réemplois est observable (C. Gensbeitel). La proximité avec un site antique semble est un facteur important, mais non exclusif de ces remplois.

4.2 A quels emplacements ?
On peut en revanche analyse plus finement les emplacements de ces remplois dans ces édifices et les lieux privilégiés pour l’insertion de ces matériaux.
En Aquitaine, on en trouve dans deux positions privilégiées : dans le sanctuaire, plutôt à l’intérieur, où ils semblent parfois faire l’objet d’une véritable “mise en scène” autour de fenêtres ou sur l’axe du chœur (par exemple à la cathédrale d’Angoulême, au Mas-d’Agenais en Lot-et-Garonne, ou encore à Montcaret en Dordogne, où la proximité immédiate d’un site antique pourrait avoir produit un effet d’aubaine, mais sans que cela suffise à en épuiser le sens[34]), ou aux portails occidentaux ou latéraux, où ils peuvent s’insérer dans des séries romanes (Saint-Seurin de Bordeaux, Abbatiale de Guîtres, Abbatiale de Saint-Sever…).
Dans les Pyrénées, les deux exemples de la cathédrale Notre-Dame de Saint-Lizier, dans l’Ariège, et de l’église Saint-Just de Valcabrère (proche de la cité antique de Saint-Bertrand-de-Comminges), révèlent que les parements des murs, en particulier ceux du chevet, sont truffés de blocs antiques, présentant parfois des surfaces sculptées. Des chapiteaux, provenant sans doute plutôt de constructions privées et datant du Haut Empire à l’Antiquité tardive, sont réemployés à l’intérieur. La proximité avec un site antique et donc, l’économie induite, n’est sans doute pas ici le seul facteur de ce “sur-réemploi”, que l’on ne retrouve que rarement à une telle échelle et avec autant d’ostentation. Dans les deux cas, et surtout à Saint-Lizier, le caractère démonstratif des réemplois se traduit par une physionomie très particulière des élévations, produite, tel un palimpseste, par l’assemblage de ces nombreux blocs antiques.
En Auvergne, Laura Foulquier observe que les remplois dont le caractère symbolique et ostentatoire apparaît manifeste se concentrent essentiellement dans les édifices les plus prestigieux, en particulier dans leurs parties orientales, sacrées, et occidentales (entrée de l’édifice). Le même constat peut également être fait dans des églises romanes de la moyenne vallée du Rhône, notamment à Bourg-Saint-Andéol, dans la chapelle Saint-Polycarpe (fragments de chancel en façade occidentale) et l’église paroissiale Saint-Andéol (stèle antique au chevet). Les remplois de colonnes antiques semblent particulièrement mis en avant (par exemple à Artonne et Chamalière), comme écho aux écrits Suger à Saint-Denis, mais également des blocs de grand appareil. Les pratiques sont également réfléchies à l’abbaye Saint-Avre, où séjournaient les évêques avant de prendre possession de leur siège, riche en colonnes, sarcophages, marbres, jaspes… l’usage stratégique de ces matériaux antiques confortant l’ancienneté de l’établissement et de la même façon son autorité. À l’église Notre-Dame du Port, de nombreux blocs gallo-romains retaillés sont présents dans les maçonneries. Les marques de leur ancienne vie comme des trous de louves sont le plus souvent visibles, ainsi le caractère ostentatoire de ces remplois semble pleinement affirmé. Enfin, à la cathédrale du Puy compte également beaucoup de blocs gallo-romains, dès l’époque romane. Leur disposition actuelle résulte des remaniements du XIXe siècle, où a exploité à la fois des bas-reliefs pour décorer l’édifice et asseoir sans doute son ancienneté, de manière bien visible. Cette réutilisation symbolique et ostentatoire de blocs gallo-romains ne se limite bien tendu pas à ces quelques exemples. Ces pratiques dépassent en outre le domaine de la construction religieuse, le remploi de pierres blanches en façade dans un hôtel particulier de Dijon confirmant néanmoins le statut des monuments auquel cette pratique est associée. De telles formes de remploi se retrouvent jusque dans les constructions néogothiques mêlant ancien récupéré et neuf copié, comme dans le réaménagement néogothique de l’étage du cellier du Clos de Vougeot. À la même période, la revalorisation de l’ancien cellier cistercien de la Perrière de Fixin mêle les esthétiques romantique et néoclassique, articulant un jeu sur des ruines remontées de l’ancienne porterie à un vocabulaire néogothique avec l’intégration d’un escalier à vis récupéré à Dijon et de baies neuves aux formes néogothiques fantasques (Marion Foucher).
Ces divers exemples de remplois bien visibles et affichés dans l’optique d’asseoir l’ancienneté et l’autorité d’un monument pour les périodes médiévales et post-médiévales semblent ainsi trancher ainsi avec l’appréhension du remploi à l’époque impériale.

 

Premier bilan

Cette première enquête sur la qualité des matériaux d’occasion a permis de mettre l’accent sur les points suivants :

  • On fait un usage souvent équivalent entre vieux et neuf avec toutefois une distinction entre des matériaux spécifiques (tuiles, matériaux de couverture ?) qui ne s’altèrent pas avec le temps et semblent jouir d’une réputation supérieure et des matériaux dépréciés, dont la liste et les raisons de la dépréciation restent encore à établir
  • De manière générale, les matériaux lithiques et à forte valeur ajoutée (nature spécifique, “appellation contrôlée”…), font parfois objet d’une sélection et d’un prélèvement coûteux à mettre en œuvre pour un usage direct ou pour la revente
  • Des matériaux aux formes spécifiques permettant une économie sur la chaîne opératoire de remise en œuvre sont également fréquemment privilégiés
  • Quelques formes sont également privilégiées pour leur poids symbolique (colonnes…)
  • Les pratiques de sélection et les critères de valorisation des matériaux font l’objet d’une grande continuité entre Antiquité et Moyen Âge, en revanche l’usage des matériaux remployés à des fins mémorielles (visibles ou non) semblent en partie différer
  • Dans les églises, certains emplacements semblent privilégiés pour faire un usage du remploi (portail, chœur, crypte…).

Perspectives

  • Qualifier la nature et les raisons de dépréciation (ou de réputation supérieure) de certains matériaux de construction. Existe-t-il des matériaux intrinsèquement meilleurs ou moins bons ou le contexte est-il déterminant dans cette réflexion. Quelle est la circulation des matériaux de remploi de qualité supérieure ?
  • Quid des matières/matériaux définitivement rejetés ?
  • La question de la continuité / rupture des pratiques quant au caractère visible ou ostentatoire, notamment en fonction des contextes de construction
  • Définir les acteurs impliqués dans ces considérations de qualité (artisans, maître d’ouvrages…)
  • Etudier la nature des bâtiments privilégiant certaines formes de remploi ostentatoire. Quels types d’édifices ? Dans quels espaces ? Ont-ils un intérêt stratégique à faire étalage de leur ancienneté ?
  • Préciser les emplacements privilégiés pour les remplois (portail, chœur, crypte…).
  • Le regard sur ces matériaux de récupération par l’ensemble de la société. Peut-on sonder ces représentations ? Dans certains cas, il semble que oui. Au Puy, par exemple, on a à la fois les sources qui évoquent les remplois pour promouvoir l’ancienneté de la ville et c’est un regard valorisant, mais on a aussi les sources qui déplorent l’usage qu’en font les populations (un bas-relief enchâssé dans les murs de la ville est réputé favoriser la fertilité des jeunes femmes et des rites populaires, vague survivance du paganisme, sont attestés) et c’est un regard dévalorisant. Ces sources nous disent aussi de quelle façon la récupération est vue et vécue. Elles ne dissocient pas les temps, elles montrent comment le passé s’insère dans le présent et comment l’on s’en accommode.
  • Influence ou postérité des matières (couleur, texture, etc.) et matériaux (marbres, etc.) récupérés : ces matériaux de seconde main ont-ils joué sur les modes de construction (gabarits, etc.), sur le décor (faux marbre, décor, sculpture, etc.) ?

 

Marion Foucher, Laura Foulquier, Christian Gensbeitel, Maxime L’Héritier, Juliette Masson

[1]Philippe Bernardi, « Le bâti ancien comme source de profits : une facette du rapport entre architecture et économie », in Jean-François Bernard, Philippe Bernardi et Daniela Esposito (éd.), Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, uso. Actes du colloque de Rome, 8-10 novembre 2007, Rome, Ecole française de Rome, 2009, vol.13, p. 157‑175.

[2]Maxime L’Héritier, Alexandre Disser, Stéphanie Leroy et Philippe Dillmann, « Récupérer et recycler les matériaux ferreux au Moyen Âge et au début de la période moderne : des textes à la matière », in Yves Henigfeld, Philippe Husi et Fabienne Ravoire (éd.), L’objet au Moyen Âge et à l’époque moderne : fabriquer, échanger, consommer et recycler, Caen, Presses Universitaires de Caen, 2019, p. 369‑383.

[3]Donald Woodward, « “Swords into Ploughshares”: Recycling in Pre-Industrial England 1 », The Economic History Review, 38-2, 1 mai 1985, p. 175‑191.

[4]Patrice Beck, « Le remploi sur les chantiers de construction du domaine ducal de Bourgogne dans la seconde moitié du XIVe siècle », in Jean-François Bernard, Philippe Bernardi et Daniela Esposito (éd.), Il reimpiego in architettura. Recupero, trasformazione, uso. Actes du colloque de Rome, 8-10 novembre 2007, Rome, Ecole française de Rome, 2009, p. 517‑522.

[5]Ibid.

[6]D’après diverses enquêtes menées dans les archives de la Chambre des Comptes de Dijon (ADCO) et dans les archives municipales de Nevers (AM Nevers).

[7]e.g. reconstruction du pont aqueduc des Arvaux (21).

[8]Arch. dép. Aube, G 1579, fol. 107 v°, M. L’Héritier, A. Disser, S. Leroy et P. Dillmann, « Récupérer et recycler les matériaux ferreux au Moyen Âge et au début de la période moderne : des textes à la matière »…, op. cit.

[9]Philippe Sosnowska, « Remploi et transformation des matériaux dans le secteur de la construction brabançonne Données et problèmes méthodologiques issus de l’exemple bruxellois (XIIIe-XIXe siècle) », Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction, 4, 2018, p. 177‑217.

[10]En la sepmaine commençant le IIIIe jour de septembre audit Legois et Pierre Pontiz plommiers pour leur paine d’avoir fait IICC XL l. de souldure, avoir fondu IIM VIIXX V l. de plonc (2145 l.) venu de la feulolle de la gresle tour, lequel plonc est venu a XIXCC LXXIII l. de plomc pur (1973 l.) Et aussy avoir fondu le demourant du plomc vieil venu du pie de la feulolle lequel est venu en plomc neuf a VICC XXXIX l.

[11]Marion Foucher, « La pierre pour elle-même. Gestion, statut et perception d’un matériau en Bourgogne à la fin du Moyen Âge », Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction, 1, 2017, p. 63‑92.

[12]Simon J. Barker, « The demolition, salvage, and recycling industry in Imperial Rome », Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction, 4, 2018, p. 37‑88.

[13]Charles Davoine, « Encadrer le remploi Destruction des édifices et réutilisation des matériaux dans les textes juridiques romains (Ier – IIIe siècle ap. J.-C.) », Ædificare. Revue internationale d’histoire de la construction, 4, 2018, p. 255‑276.

[14] Nicole Gourdon-Platel, Louis Jado Y Doncel, « Etude pétrographique des matériaux constituants les substructions médiévales mises au jour sous la place de la Victoire en 1962 », Travaux du Laboratoire de Géographie Physique Appliquée, n°7, 1983, p. 8-22.

[15] Juliette Masson « Bordeaux (Gironde), Place Gambetta », Rapport de fouilles préventives, Bordeaux : Centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole / ministère de la Culture (SRA Nouvelle-Aquitaine), en cours.

[16] J. Tardieu, …Pierres qui roulent… L’architecture de galets en Drôme du nord, prospection thématiques, programme 25, MCC, DRAC Rhône-Alpes, Service Régional de l’archéologie, Lyon, 2000 ; Joëlle Tardieu, « Pierres qui roulent… », l’architecture de galets en Drôme », in : BURGARD (C.), CLAPPIER (A.-M.) dir, Pierres dans la Drôme. De la géologie à l’architecture [Histoires de Patrimoines], Le Département de la Drôme/Conservation du Patrimoine, La Mirandole, Pont-Saint-Esprit, 2007, pp. 86-91.

[17] Juliette Masson, Gradignan, Place Roumegoux, Rapport d’opération d’archéologie préventive : diagnostic, Bordeaux : Centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole / ministère de la Culture (SRA Nouvelle-Aquitaine), 2015.

[18] Archives départementales de la Gironde, G 640, G 646.

[19]P. Sosnowska, « Remploi et transformation des matériaux dans le secteur de la construction brabançonne Données et problèmes méthodologiques issus de l’exemple bruxellois (XIIIe-XIXe siècle) »…, op. cit.

[20] Hélène Réveillas, « Gradignan (Gironde), Place Roumegoux », Rapport de fouilles préventives, Bordeaux : Centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole / ministère de la Culture (SRA Nouvelle-Aquitaine), en cours ; Charles Des Moulins, « Notes sur les réparations faites à l’église de Gradignan », Actes de l’Académie Royale des Sciences, Arts et Belles Lettres de Bordeaux, Bordeaux, 1843, p. 281-293.

[21] Juliette Masson, Bordeaux (Gironde). Rue d’Welles. Rapport de fouilles préventives, Bordeaux : Centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole / ministère de la Culture (SRA Nouvelle-Aquitaine), 2018.

[22]Corinne Sanchez et Pierre Jegu, Les ports dans l’espace Méditerranéen antique. Narbonne et les systèmes portuaires fluvio-lagunaires, Actes du colloque de Montpellier des 22-24 mai 2014, coll.« Supplément à la Revue Archéologique de Narbonnaise », 2016.

[23]P. Beck, « Le remploi sur les chantiers de construction du domaine ducal de Bourgogne dans la seconde moitié du XIVe siècle »…, op. cit. ; P. Bernardi, « Le bâti ancien comme source de profits : une facette du rapport entre architecture et économie »…, op. cit.

[24]Suger, Écrits sur la consécration de Saint-Denis   L’oeuvre administrative de l’abbé Suger de Saint-Denis   Histoire de Louis VII, Paris, les Belles lettres, coll.« Oeuvres / Suger. ,  1;  Les classiques de l’histoire de France au Moyen âge », 1996, p. 15‑16.

[25]Annie Blanc et Philippe Blanc, « Les marbres et roches ornementales découverts à Saint-Denis », Dossiers d’archéologie. Saint-Denis de Sainte Geneviève à Suger, 297, octobre 2004, p. 63 ; Patrick Périn et Michael Wyss, « La nécropole du haut Moyen Âge du quartier de la basilique et son cadre architectural », Dossiers d’archéologie. Saint-Denis de Sainte Geneviève à Suger, 297, octobre 2004, p. 38‑49.

[26]S.J. Barker, « The demolition, salvage, and recycling industry in Imperial Rome »…, op. cit.

[27]Ibid.

[28]Patrizio Pensabene, « Reimpiego dei marmi antichi nelle chiese altomedievali a Roma », in Marmi antichi, Roma, Leonardo de Luca, 1989, p. 55‑64 ; Fedora Filippi (éd.), I colori del fasto. La Domus del Gianicolo ed i suoi marmi, Milan, Electa, 2005.

[29]M. Foucher, « La pierre pour elle-même. Gestion, statut et perception d’un matériau en Bourgogne à la fin du Moyen Âge »…, op. cit.

[30]P. Sosnowska, « Remploi et transformation des matériaux dans le secteur de la construction brabançonne Données et problèmes méthodologiques issus de l’exemple bruxellois (XIIIe-XIXe siècle) »…, op. cit.

[31]Philippe Bernardi et Daniela Esposito, « Recyclage, récupération, remploi. Les diverses formes d’usage de l’« ancien » dans l’architecture du Xe au XIIIe siècle », in Pierre Toubert et Pierre Moret (éd.), Remploi, citation, plagiat: conduites et pratiques médiévales (Xe – XIIe siècle), Madrid, Casa de Velázquez, coll.« Collection de la Casa de Velázquez », n˚ 112, 2009, p. 191‑210.

[32]R. Chossenot, « Laver, restaurer, entretenir, remettre à point… » L’entretien des vitraux, un souci permanent ? » op. cit.

[33]S.J. Barker, « The demolition, salvage, and recycling industry in Imperial Rome »…, op. cit.

[34] C. Gensbeitel, « Deux églises romanes construites sur des sites antiques : Saint-Pierre de Montcaret (24) et Saint-Vincent de Pessac sur Dordogne (33) », L’Entre-deux-Mers et son Identité. L’Entre-deux-Mers oriental, Actes du 15e Colloque de l’Entre-deux-Mers, Pessac-sur-Dordogne, 16 octobre 2015, 2017, p. 23-36.